Réponse ouverte au communiqué de presse de P. Folliot, sénateur du Tarn


Lettre ouverte du conseil municipal, en réponse à M. Folliot, publiée le 07 mars 2025 dans Médiapart

"
Monsieur le sénateur, 

Nous, élus, vos confrères, tenons à vous faire part de notre indignation à la lecture de votre communiqué de presse du 27 février 2025, diffusé notamment sur le réseau social X, faisant suite à la décision de justice du même jour qui annule les autorisations environnementales du projet de liaison autoroutière A69.

Vous déclarez :

"Que les juges décident in fine à la place des élus détenant leur légitimité du suffrage universel, nous apparaît dangereux et inquiétant […] je peux annoncer vouloir déposer sous peu une proposition de loi visant à encadrer la notion d’intérêt public majeur […] et que l’on puisse apporter une sécurisation juridique optimale à tous les projets décidés par des élus, qui eux tiennent leur légitimité du suffrage universel, pour décider des projets d’intérêt public".

Ainsi, vous souhaitez, si nous comprenons bien, que les élus puissent s’affranchir du droit pour décider de l’intérêt public des projets. Dans de pareils cas, et sans doute dans d’autres si nous suivons votre raisonnement, le suffrage universel conférerait une sorte de pleins pouvoirs. Nous, élus locaux, pensons que c’est cette vision, la vôtre, qui est « dangereuse et inquiétante ».

Quelques années en arrière, il était encore de bon ton de ne pas commenter les décisions de justice. Aujourd’hui, non seulement vous commentez la décision mais vous remettez en cause la légitimité de celle-ci et vous proposez même une solution pour qu’à l’avenir ces empêchements légaux ne puissent plus s’opposer à vous.

Votre position nous semble parfaitement contradictoire avec la notion d’État de droit et le fait que vous puissiez taguer, sur X, votre publication avec le #etatdenondroit confirme cette impression. Le ton général des contenus du medium que vous choisissez n’est sans doute pas étranger au manque de nuance de vos propos.

Par ailleurs, l’idée sous-jacente selon laquelle le suffrage universel est un blanc-seing donné par les électeurs à leurs élus nous paraît, à nous élus, participer activement de la défiance sans cesse croissante de nos concitoyens envers leurs représentants, et l’action politique en général.

Vous faîtes porter la responsabilité des supposées pertes d’emploi et des réels « désagréments inhérents à tous chantiers » à cette décision d’annulation. Mais alors, qu’aurait-il fallu ? Se passer du droit ? Ces responsabilités ne sont-elles pas plutôt imputables aux décideurs qui ont choisi de commencer le chantier alors que tous les recours n’avaient pas été épuisés ?

Enfin, nous, élus locaux tarnais, nous indignons devant l’obstination de certains de nos confrères dont vous êtes à ne pas considérer la cause écologique comme d’intérêt public, à ne pas voir quel tournant s’impose à nous. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » disait Jacques Chirac, au Sommet de la Terre en 2002, alors que le projet de l’A69 n’était encore qu’une pensée de pharmacien. L’intérêt public n’est pas, et ne sera jamais, la somme des intérêts particuliers.

A vous, Monsieur le Sénateur que nous avons élu, nous demandons de bien vouloir respecter la voie du droit, pilier de notre démocratie, de bien vouloir, enfin, entendre les voix nombreuses qui ne partagent pas votre vision du projet de l’A69.

Respectez les règles du jeu, épuisez les recours qui s’offrent à vous si vous le souhaitez. Puis, nous conviendrons ensemble que l’issue de ce projet, quelle qu’elle soit, était la seule possible dans notre Etat de Droit.

Veuillez accepter, Monsieur le Sénateur, l’expression de nos sincères salutations.

L'équipe du conseil municipal de Penne (81)
 

(Copie du courrier à Mme Karen Erodi, députée 2e circonscription du Tarn)




Communiqué de presse du sénateur Philippe Folliot, reçue le 27 février 2025

https://www.mairie-penne-tarn.fr/mod_turbolead/upload/file/Folliot_A69-CP.pdf

Le communiqué ayant été supprimé du compte X de M. Folliot, vous pouvez le télécharger ici (source : site internet de M. Philippe Folliot https://www.philippe-folliot.fr/)




Publié le